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vendredi 15 mars 2013

La porte claque


Bien le bonjour ! 
Je me présente : Lisa. Ravie de vous rencontrer. 
Plantons le décor : pour moi l'écriture est un jeu, et un jeu de séduction.
Ceci un texte pour vous introduire à mon univers. La porte claque. Il me voit comme cela, cet homme que j'ai enfermé. Lui, je le vois comme ceci ...




La porte claque. Je suis dedans, je suis tout seul, elle a claqué.
Tu es dehors, tu es partie, et je demeure. Avec ton odeur sur la peau, avec mon corps encore tout chaud, je suis resté comme hébété quand cette porte a fermé.
La porte claque. Et c’est mon univers qui tangue. Enivré, je titube en avant. J’espère tomber. Tomber en amour, pour que tu me rattrapes. Mais cette maudite planche à gonds a claqué, et je demeure.
Dehors, il fait jour. Dehors, il fait beau. Dehors, il se vit des choses. Dehors …
Mais dehors, c’est déjà trop loin. La seule issue à mon univers clos vient de se refermer. Tu as coupé mon ombilic, ce qui me rattachait au monde nourricier des songes.
La porte est fermée. Muette, silencieuse, presque sentencieuse. Elle filtre la lumière, elle filtre la musique, elle filtre l’univers et ne m’en laisse que les miettes. Vagues vocales à la dérive. Raies striées autant que criardes. Elles se faufilent sous le seuil. Appauvries, elles passent quand même, ces couleurs ! Je me penche, m’agenouille, et plaque mon visage au sol. J’espère saisir ton image. Je sais, je sens : tu n’as jamais voulu partir. C’est que le Destin t’a joué un tour ! Derrière la porte, toi aussi, tu demeures. Tu es là. Je le sais, je le sens. Alors, je regarde de toutes mes forces. Sous la porte, des ombres, des formes. Les tiennes ?
La porte a claqué, je suis à terre. Tu as emporté la lumière en partant. Il ne reste que les ténèbres. Cette maison se mue en antre, en grotte, en tertre. Cependant, je demeure, le nez écrasé sur mon lino, sans changer, sans broncher, sans pleurer. Je reste, là, à observer sous la porte, l’ombre du monde. Je cherche ta trace.
Et puis, c’est trop. Trop long, trop dur. Je ne te vois pas. Je ne t’entends plus. Je me relève, et titube dans la chambre. Les draps sont encore tièdes de toi. Je replonge dans l’océan de nos ébats. Sous les draps, je peux te rejoindre. Ton odeur, mes souvenirs…
Depuis que la porte a claqué, un temps a passé. Je reste, sur le lit, à penser. Je pense à toi. Il ne saurait en être autrement. Pantelant, je songe. Ta main qui me caresse. Nos regards qui se croisent. Les jeux qui étaient les nôtres. Cette complicité qui me manque.
Et puis, elle claque, encore. La porte a claqué, te voilà rentrée. Je bondis hors du lit. Tu es là, c’est bien toi. Toi qui m’avait abandonné. Toi qui m’avait laissé. Tu es là. Tu es revenue. Avec amour, je te rejoins. Avec tendresse, tu me tends la main. Dans tes yeux, je lis que tu es désolée. Alors moi, je te pardonne. Encore.
La porte a claqué. Tu m’es revenue. Tu me prends dans tes bras, tu me caresses la nuque. Je ferme les yeux, je frissonne de plaisir. Tu m’es revenue, plus rien d’autre ne compte.
Je voudrais te dire à quel point tu m’as manqué. A quel point je suis triste quand tu me laisses. Les mots ne viennent pas. Et s’ils venaient, je ne pourrais pas les dire. Je suis tel Cassandre : quand je m’exprime, tu ne comprends pas. C’est que je suis un poète : mes mots pompeux glissent sur l’éclat de tes cheveux. Mes métaphores se noient dans tes yeux. Quand je chante mon adoration pour toi, tu n’entends qu’un vague jappement, et me souris.
La porte a claqué, mais je ne t’en veux pas. Tu es partie, mais tu es encore là. Même si tu ne m’entends pas, je sais que tu m’aimes. Là est l’essentiel.


Lisa


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